Candidat à l’élection présidentielle de 2015 sous la bannière de son parti Génération pour la Réconciliation, l’Union et la Prospérité (GRUP), El hadj Papa Koly Kourouma, après avoir tourné le dos au régime d’Alpha Condé qu’il avait servi des années durant, et rejoint l’opposition, est tout de même celui qui a exigé des gages d’une manifestation pacifique pour prendre part à la marche que projetait l’opposition dite républicaine.
Aujourd’hui, à 24 heures de cette marche, cela est chose faite puisque des centaines de jeunes ont été formés pour travailler en symbiose avec les forces de l’ordre dans le but d’éviter des débordements. A travers cette grande interview qu’il a accordée à notre rédaction, lundi 15 août 2016, au siège national de son parti, il accepte de se confier à nous pour parler non seulement de cette nouveauté au sein de l’opposition, mais aussi de la perception que les autres leaders de cette opposition dite républicaine dont Cellou Dalein Diallo, font de lui au sein de leur structure.
Liez la première partie !
Mosaiqueguinee.com : On est à quelques heures d’une manifestation, en tout cas la première du genre depuis l’élection de 2015, d’abord est ce qu’on peut savoir si cette initiative de mettre en place cette unité de sécurisation de la manifestation au sein de l’opposition ne signifie pas que vous voudriez désormais vous passer des fores de la police et de la gendarmerie ?
El hadj Papa Koly : Non, au contraire, vous savez, quand l’opposition a décidé de marcher, c’est d’abord à elle d’assurer la sécurité de ses militants par la formation et l’information sur le caractère pacifique d’une marche.
Les forces de l’ordre ne sont là que pour s’assurer de la bonne exécution de ce que les militants ont reçu comme formation et information. Toute marche qu’on appelle marche pacifique, doit se faire conformément à une règle, c’est pourquoi d’ailleurs on l’appelle marche pacifique, ce n’est pas une marche violente. Mais il arrive souvent lors des marches qu’il ait des dérives. Donc les forces de l’ordre sont là pour cadrer ces dérives, mais la sécurisation des marcheurs relève dans sa globalité aux organisateurs de la marche.
Généralement les problèmes viennent d’où ? Et les forces de l’ordre, et nous-mêmes, nous avons un ennemi commun : c’est ceux-là qui s’invitent dans la marche, qui ne sont ni des forces de l’ordre, ni des marcheurs, mais qui ont une intention de semer les troubles, ce sont les brebis galeuses.
Mosaiqueguinee.com : Vous qui avez personnellement porté cette initiative, dites-nous ce que ça pourrait comporter comme défaillance !
El hadj Papa Koly : La seule défaillance du dispositif, c’est si on n’est pas arrivé à repérer à temps, ces gens qui s’invitent dans la marche juste avec l’intention de créer de la pagaille. Mais s’ils sont repérés vite, et avec cette phase nouvelle que nous avons avec les forces de l’ordre, visant à harmoniser nos efforts afin que la marche soit pacifique, il ne va pas y avoir de problème.
Mosaiqueguinee.com : Quel est le champs d’action de ces agents que vous déployés, est ce que leur rôle est simplement de repérer les brebis galeuses et les mettre à la disposition des forces de l’ordre ?
El hadj Papa Koly : Le champ d’action de ces agents, ce sont les points critiques que nous avons relevés et que nous avons essayé de sécuriser au maximum possible et surtout avec une certaine vigilance permettant de repérer très rapidement ces fauteurs de trouble.
Mosaiqueguinee.com : Quel sera le rapport entre ces militants que vous avez formés pour sécuriser la marche, et les agents des forces de l’ordre déployés par l’Etat?
El hadj Papa Koly : Il faut qu’ils agissent en concert avec les forces de l’ordre. Ils ont le même objectif. Les farces de l’ordre ne doivent pas être perçues comme des ennemis. Au contraire, ils doivent être en amitié.
Mosaiqueguinee.com : L’opposition accepte de s’assoir avec les autorités pour parler de la sécurisation d’une marche qu’elle veut tenir le lendemain, c’est ce que vous avez fait ce matin, comment apprécierez-vous cela ?
El hadj Papa Koly : Mais, nous qualifions ça de révolution, nous sommes entrain de révolutionner la marche…
Mosaiqueguinee.com : Vous, El hadj Papa Koly, revendiquez-vous cette révolution ?
El hadj Papa Koly : Non, mais moi je n’ai pas quand même …
Mosaiqueguinee.com : Mais c’est de vous quand même qu’est venue l’initiative !
El hadj Papa Koly : Bon, enfin, c’est une initiative qui est entrain de prendre du chemin, on s’en félicite. Ma sans l’acceptation du principe par les autres, on ne serait pas arrivé à ce niveau-là. …Aujourd’hui, nous voulons qualifier cette opposition-là, qui, pendant plusieurs moments, a été prise comme une opposition violente alors que les gens ne cherchaient pas à savoir quels sont les causes réelles de ces violences qui arrivent lors des marches.
Mosaiqueguinee.com : On sent quand même du sang neuf avec votre arrivée et celle du Ministre Makanéra au sein de cette opposition que d’autres appelaient radicale. L’autre initiative qui avait été saluée, c’est lorsqu’en public, vous avez décidé de contredire des propos avancés par Cellou Dalein Diallo, étant de cette opposition. Est ce que vous pensez que cette petite révolution est perçue d’un bon œil ?
El hadj Papa Koly : J’avoue franchement qu’on cherchait à diaboliser l’opposition. Je pense que là-bas il n’y a pas raison de diaboliser l’opposition. L’opposition républicaine est un espace de concertation pour qu’ensemble nous formulions nos frustrations et qu’on élabore des stratégies d’expression de ces frustrations, et de la contradiction que nous devons apporter par rapport à la gouvernance.
Mosaiqueguinee.com : Mais ma question de savoir si cette petite révolution que vous portez est bien acceptée, parce que Dalein est reproché d’être réfractaire à la contradiction, aux critiques.
El hadj Papa Koly : Non, ce n’est pas vrai, c’est faux, Cellou est très humble, franchement !
Mosaiqueguinee.com : Mais il y a des extrémistes autour !
El hadj Papa Koly : Mais les extrémistes, il y en a partout ! Cellou est un homme humble. Ce n’est pas une contradiction que j’ai apportée à Cellou. Au contraire, c’était un complément d’information parce qu’eux ils n’avaient pas les informations. Donc ils accusaient le fils du Président alors que c’est le Président même qui a apporté ces gens-la (ASPERBRAS Ndlr). Donc moi je ne voulais pas être là et laisser passer ça. Moi même je ne me serais pas bien senti dans ma peau.
Thierno Amadou M’bonet