A l’occasion du lancement officiel du Réseau des journalistes africains pour la sécurité maritime (Jasema), vendredi 12 août dernier, à Lomé, la capitale togolaise, la rédaction du quotidien panafricain Afrikmag a rencontré le premier vice-président de ce réseau. Avec lui, elle a passé au peigne fin plusieurs questions relatives à la création de ce réseau dont les enjeux, les objectifs, le rôle du réseau et tant d’autres questions. Lisez…
AfrikMag : Vous êtes à Lomé dans le cadre du lancement du réseau panafricain, JASeMa (Journalistes africains pour la sécurité maritime). Vos impressions en tant que premier vice-président de ce réseau ?
M.Koné : Je vous remercie. Effectivement, je suis à Lomé pour le lancement du réseau JASEMA. Mes impressions sont bonnes dans la mesure où l’accueil était très chaleureux de la part de nos confrères togolais. Nous sommes venus de 15 pays africains et vu l’engouement de la part des autorités togolaises, c’est très important. Nous avons eu à travailler pour la mise en place du bureau exécutif et le lancement a été fait par le ministre togolais de la communication, des sports et de la formation civique, Guy Madjé Lorenzo. Après la délégation a été reçue par le Premier ministre. Cela dénote réellement pour moi, de la volonté du gouvernement d’accompagner le réseau dans ses objectifs. Il faut aussi dire que, le réseau a répondu à l’appel du Président togolais, Faure Gnassingbé.
De façon brève, présentez-nous le réseau, et parlez-nous de ses objectifs!
M.Koné : Il faut comprendre que les problèmes de l’insécurité sur les mers et océans se posent avec acuité ces dernières années. Entre autres problèmes la piraterie maritime, la pêche illicite, le trafic humain, de drogues et d’armes, et le phénomène des passeurs sont quelques-unes des menaces qui font chaque jour de la méditerranée un “cimetière bleu”. C’est pourquoi aujourd’hui, la mission du réseau, est de sensibiliser les populations, les utilisateurs, les acteurs de la sécurité maritime.
Donc retenez que le principal objectif du JASEMA est de sensibiliser les journalistes et les populations sur les thématiques relatives à la mer, de promouvoir les meilleures pratiques allant dans le sens de la protection des ressources que regorge la mer, et de permettre aux Etats d’engrainer d’énormes bénéfices qu’offrent l’exploitation des mers et océans.
Notre mission n’est pas de juger, mais d’apporter les informations qu’il faut à la population ; dire aujourd’hui les méfaits que nous connaissons de la pêche illicite, les méfaits que nous connaissons de la piraterie en haute mer, les méfaits que nous connaissons en jetant les produits toxiques dans la mer. Comme le disait le ministre Lorenzo, il y a des bateaux sans permis qui viennent racler le fond marin ; on tue la couche d’ozone pour la reproduction des poissons.
Et il faut savoir que, le Golfe de Guinée est une zone très poissonneuse et à cause de cette richesse en poisson, elle fait la convoitise de toutes les grandes industries en matière de pêche. En passant par l’Asie du Sud, le nord européen, vous rencontrerez toutes formes de bateaux dans nos eaux et de façon illégale. (…).
Alors quand c’est illégal, c’est de la piraterie, et le continent perd des milliards. Je vous donne l’exemple de la Guinée ; il y avait de la pêche illégale dans les eaux guinéennes où des bateaux viennent pêcher du poisson et l’état guinéen n’avait pas de mesures coercitives là-dessus.
Face à cette pêche illégale, l’Union européenne (UE) a pris des sanctions contre la Guinée, en mettant l’importation du poisson venant de la guinée sur la liste noire de l’UE. C’est une perte pour l’économie de la Guinée. Pour pallier à ce problème, prenons le Togo et la Côte d’ivoire, regarder seulement la baie, vous constaterez que, réellement avec l’avancée de la mer, on a des villages, des routes bâties à coups de milliards qui disparaissent ; alors si nous, hommes de médias, responsables politiques, ne prenons pas des initiatives pour apporter des corrections à cela, ce serait une grande perte pour le continent dans les années à venir.
Voilà pourquoi nous avons jugé bon, d’être autour du Chef de l’Etat togolais, son gouvernement et le peuple pour l’encourager sur les belles initiatives prises qui ont également conduit à l’organisation du sommet sur la sécurité maritime.
La majorité des pays présents au lancement du réseau sont de l’Afrique occidentale. Votre réseau ne concerne que cette partie de l’Afrique, ou ce sont tous les journalistes d’Afrique qui sont concernés par le JASEMA?
C’est vrai. Mais je dois vous dire que, tous les pays qui sont arrivés au lancement du réseau sont africains. Comme je le disais tantôt, il faut qu’il y ait un point de départ ; dans toute activité humaine, on ne commence pas par tout le monde. C’est un début pour le réseau ; ce sont les africains qui ont lancé le réseau de journalistes africains, ceux qui ne sont pas là viendront plus tard, nous allons les envoyer des messages, des courriers. Nous irons à Addis-Abeba, siège de l’Union africaine présenter le travail qui est abattu; déjà treize pays sur les 52 sur le continent, ce n’est pas petit; le nombre de départ n’est pas à négliger.
Au Togo, le gouvernement et le chef de l’Etat se sont mobilisés pour nous, bien que nous n’avons reçu de financement mais, le soutien moral est là ; Moi en quittant Lomé, je passerai par la Côte d’Ivoire, je vais discuter avec les ivoiriens, celui qui est au Sénégal discutera avec les sénégalais ainsi de suite en vue d’amener plus de pays dans le réseau ; pour l’instant, le temps n’est pas favorable puisque, le sommet aura lieu en Octobre prochain à Lomé ; sur ce, il faut aller vite, d’abord accompagner le sommet etc.
Quelle est la durée du mandat de ce bureau ?
Le réseau, est composé de treize membres représentant les treize pays présents au lancement. Je vous informe que, le secrétariat général est revenu au Togo, la présidence, les finances aussi. Ce n’est pas fini, tous les pays présents sont représentés, comme moi qui occupe le poste de Vice-présidence etc. Et il y a la place au sein du bureau pour les autres pays qui prendront le train en marche. Il faut comprendre que le secrétariat va tenir compte des différentes langues parlées sur le continent dans le secrétariat central. Mais, le français et l’anglais restent la langue de travail pour le réseau.
Qu’est-ce qui a motivé la création de ce réseau ?
Les motivations sont simples, c’est une question d’actualité ; si nous voyons tout ce qui se passe autour de nous, je veux dire l’immigration, des enfants, des jeunes qui meurent dans la mer, cela doit nous interpeller; si nous regardons aujourd’hui tout ce qui se passe sur nos côtes avec des villages entiers qui disparaissent à cause de l’avancée de la mer, aucun pays n’est épargné; avec les conflits sur le continent, la mer devient le lieu de trafic des armes, tout ceci nous amène à dire que, le problème est d’actualité et nous hommes de médias, ne devons pas rester en marge de ces dures réalités.
Figurez-vous que la pêche illicite fait perdre la somme faramineuse de 10 à 23 milliards de dollars aux pays africains ; 75 % des grandes pêcheries mondiales ont été surexploitées et sont en voie d’épuisement ; les mers et océans sont devenus des dépotoirs où sont déversés des produits toxiques qui déciment la faune et la flore marines
Nous journalistes, nous serons là lors du sommet, et les conclusions qui en découleront, nous allons les vulgariser dans nos différents médias pour plus d’impact afin que, les gens comprennent les dangers auxquels ils s’exposent. Il faut qu’on change les habitudes envers la mer, et que le banditisme diminue et qu’un mécanisme soit créé afin de freiner le développement de la piraterie dans nos eaux ; Aujourd’hui, c’est clair que, la piraterie s’est déplacée de la Corne de l’Afrique vers les côtes ouest africaines.
A court terme quelles mesures seront prises par ce réseau?
Déjà, le réseau est mis sur pied, on va s’attaquer directement aux problèmes avec la vulgarisation pour ce qui est de l’importance du sommet, dire à la population ce qui va se passer du 10 au 15 octobre 2016 à Lomé, pourquoi les chefs d’états vont venir ici et qu’est-ce qu’il faut attendre de ce sommet.
Peut-être que, des pays diront en matière de sécurité, il faut former des brigades maritimes, bref il y aura des propositions et des solutions et celles-ci, nous allons les vulgariser.
En tout cas, les journalistes seront là pour donner de l’éclat, pour faire entendre et parler aussi au nom des sans voix, puisqu’il y aura un stand où tous les chefs d’état passeront pour des interviews en matière de sécurité maritime.
Interview Réalisée à Lomé par Yao Junior L., correspondant d’AfrikMag