Avant tout, un mot sur les véhicules volant à droite : Cela nous rappelle la voiture du Dr. Conté Saïdou, le ministre de la Santé du premier gouvernement guinéen, qui avait du nez et qui n’avait échappé à la purge de 1969 que grâce à sa voiture américaine à volant amovible. Ce volant pouvait être déplacé de la gauche vers la droite et inversement, et ce n’était pas un gadget de James Bond.
Pressentant le coup de balai après un remaniement curieux de 1965 ou 66, puisqu’il avait été indûment déplacé de la Santé à l’Education, et prétextant une panne, Dr. Conté Saïdou avait (ou aurait, c’est mieux ainsi) demandé la permission d’accompagner sa voiture à Dakar pour révision ou réparation. Il logeait au carréfour qui conduit à la Maison de la Presse et avait une clinique dans cette villa. Les enfants de la Cité douane le connaissait bien. Cette panne était irréparable en Guinée. Une fois à Dakar, vous-vous en doutez qu’il s’y était installé définitivement et confortablement pour voir la purge du complot Kaman-Fodéba, la suite logique du coup Tidiane Kéita. Quelle digression ennuyeuse !
Pour revenir aux véhicules volant à droite, c’est vrai qu’il y a des inconvénients à Conakry. Le passager cabine chauffeur est obligé de descendre à droite, au beau milieu de la chaussée à circulation dense, mais en général, ces propriétaires sont les plus prudents en Guinée. Quant à l’interdiction les frappant ainsi que les véhicules de plus de huit ans, la loi ne précise pas si c’est leurs importations qui sont interdites ou si les véhicules déjà sur le territoire national seront interdits de circulation. Le cas échéant, la décision arbitraire, à moins que l’Etat ne prenne sur lui la générosité de les dédommager pour appliquer cette décision tombée des nues.
Aussi, l’interdiction des véhicules de plus de huit ans en faveur des véhicules neufs, qui vont côtoyer les teufs-teufs, tacots et caisses brinquebalantes, qui fument comme des cheminées, qui perdent des boulons, écrous, enjolivers et pneus en chemin sans crier gare, qui ne sont pas assurés, qui n’ont aucun document…c’est un autre risque pour ces nouvelles bagnoles. Que disent les assureurs ?
Que signifient la dégradation accentuée des routes du pays, les clabaudages de la presse et le silence du gouvernement ?
Ces questions se posent, parce que l’état des routes est désastreux. Si l’on peut ressortir l’incapacité du gouvernement actuel, on pourrait également rappeler la gabegie des gouvernements passés, hormis celui du CNDD. Explications :
Cellou Dalein Diallo, celui qui veut user de tout pour parvenir au pouvoir, a ses raisons profondes de tout critiquer avec force, étant la cible de toutes les velléités depuis plus de dix ans. L’Histoire a besoin d’être rafraichie :
Après la tangente de François Lounsény Fall à Paris, lors d’un sommet sur l’autorité du bassin du fleuve Niger sous la houlette du grand ami Jacques Chirac, le général Lansana Conté malade avait mis plus de dix mois pour trouver son remplaçant. Quad Cellou Dalein fut nommé, des personnes-alités sont venues nous voir personnellement : « Tu as vu ce que Lansana a fait ? » – « Et qu’a-t-il fait ? » – « Il a nommé un Peul chef du gouvernement ! » -« Selon toi, qui pourrait être mieux placé ? » -« Même toi-là, tu pourrais être à la Primature, mais pas Cellou ! » – « Mais je n’ai pas sa qualification…»
Et pour donner davantage à redire de cette nomination, toutes les communautés du Fouta ne cessaient pendant des semaines d’affluer vers le domicile de Cellou pour bénir cette nomination. Le journal Le Lynx avait même brocardé ce témoignage de satisfaction communautaire, qui exacerbait les sentiments de frustration des Soussous.
Que n’a-t-on vu par la suite avec des audits commandités expressément par les cadres de la présidence, ceux qui se voyaient plus dignes d’occuper le poste, pour épingler, pour discréditer celui qu’ils voyaient comme imposteur. Les spécialistes d’audit comme Ousmane Kaba, Kerfalla Yansané… ont été mis à contribution, mais ils ont tous fait chou blanc. On dit que Lansana Conté leur avait fait une blague sympathique : « Vous ne le connaissez pas, il s’appelle « Cellou-malin ».
Devant l’impuissance de ses détracteurs, Cellou en avait aussi rajouté. Il avait composé son gouvernement mort-né du 4 avril 2006 pour choquer, à notre humble avis. Voulait-il tenter le quitte ou double ou voulait-il démissionner ? Il faudrait bien lui poser des questions, à ce sujet.
Et vint l’épisode du CNDD. Les attaques de Dadis Camara étaient si dirigées qu’elles avaient frôlé les invectives ad hominem, et malgré la cooptation de Tibou Kamara, avec l’espor que ce dernier donnerait son ami, rien n’a été concluant. Tibou avait même coupé le contact avec l’UFDG pour éviter les amalgames. La preuve, lors d’une rencontre à Novotel avec Bah Oury, on lui avait demandé si les contacts étaient instacts entre Tibou et l’UFDG, Bah Oury avait répondu textuellement : « pratiquement rompus, il a même changé de téléphone ». Evidemment que Tibou jouait sur une corde raide, mais il a su tirer son épigle du jeu, tant mieux.
Ô rage ! Ô désespoir ! On se souviendra de ce déplacement sur Labé pour tenter le diable et des évènements du stade du 28 septembre, le même jour de 2009…
Enfin, le présent. Les audits promis par Alpha Condé sur la gouvernance passée n’ont aussi rien donné sur l’avion Air-Guinée et sur les bateaux de Guinomar. C’était frustrant.
De l’autre côté, pour exister comme opposant et leader de la première force d’opposition du pays, Cellou ne pouvait pas rester silencieux face aux dérives économiques à ciel ouvert de la gouvernance, mettant le doigt là où la plaie est encore sanglante, dénonçant à tous vents les marchés de gré à gré, les surfacturations sur l’électrification et sur le coût du barrage de Kaléta, le cheval de bataille politique de Alpha Condé, sur les détournements de fonds, sur les maquillages des comptes (à la dilma Rousseff) et une kyrielle d’autres faits louches pour jeter le dicrédit sur le pouvoir.
Dans le camp des accusateurs devenus nouveaux accusés, les chasseurs de prime ont passé des nuits blanches pour faire une découverte : ils ont trouvé que Cellou n’est pas inattaquable. Ils se rappelés subitement que l’un des ministres des TP des dix dernières années étaiit un certain Cellou Dalein Diallo, pas le « grand », mais le « ptit ». Pour l’atteindre, il faut encaisser les coups et laisser les routes se dégrader davantage devant la postérité. Le retour des grandes pluies les a aussi bien aidés. L’état actuel des routes est une honte nationale. Le bouc émissaire ne tardera pas d’être désigné.
Seulement, en cherchant la petite bête sur la tête des uns et des autres, la circulation devient de plus en plus difficile, et surtout, la reconstruction va être plus salée. Une victoire à la Puyyhus, en a-t-on vraiment besoin ?
Cest dans cette atmosphère que nos deux boxeurs aux gants de chiffon ont décidé de se rencontrer pour un dialogue, avec chacun ses préjugés primitifs incoercibles. La Guinée va mal. Vont-ils continuer de procéder de la même hypocrisie politicienne ou balayer tous les contentieux d’un revers de la main ?
Mohamed DIANE