L’opposition guinéenne suspend sa participation au Parlement et à la commission électorale pour marquer son désaccord avec le calendrier des élections présidentielles et locales, ont annoncé mercredi ses responsables à l’AFP. Nous avons décidé le mardi en assemblée générale extraordinaire de l’opposition de suspendre notre participation aux travaux de l’Assemblée nationale et de retirer nos 49 députés du Parlement jusqu’à nouvel ordre, et de ne plus reconnaître la Céni (Commission électorale nationale indépendante), a déclaré l’ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo, chef de file de l’opposition.
Ces décisions s’appliquent immédiatement, a-t-on indiqué au sein de l’opposition.
L’Assemblée nationale élue en septembre 2013, compte 114 députés. Les 49 parlementaires de l’opposition sont 37 élus de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), dix de l’Union des Forces Républicaines (UFR), un du Rassemblement pour le développement intégré de la Guinée (RDIG) et un du Parti guinéen pour la renaissance et le progrès (PGRP).
Le 10 mars, la Céni avait annoncé que la présidentielle se tiendrait le 11 octobre 2015 et les élections locales fin mars 2016.
L’opposition avait aussitôt dénoncé cette inversion du calendrier, exigeant l’organisation du scrutin local en premier pour, selon son porte-parole Aboubacar Sylla, éviter qu’une période supplémentaire d’une année soit ajoutée au mandat déjà illégal et illégitime des délégations spéciales, des administrations désignées par l’exécutif faute d’élections locales depuis 2005.
La commission électorale fait ce que le pouvoir lui demande de faire, elle ignore totalement l’opposition, a encore affirmé mercredi Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG. Nous allons prendre des mesures pour que de pareilles ingérences cessent pour le bien de tous, a-t-il dit, sans autre indication. Le camp du pouvoir a dénoncé un piège de l’opposition, assurant qu’il ne tomberait pas dedans, et a minimisé les conséquences sur les travaux parlementaires.
L’opposition vise tout simplement à amener le pouvoir d’Alpha Condé à être illégal au-delà de 2015, a déclaré Amadou Damaro Camara, député du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG, au pouvoir) et président du groupe parlementaire de la majorité, en référence à l’expiration du mandat présidentiel. Le boycott des députés de l’opposition n’impactera en rien les travaux de l’Assemblée nationale, a-t-il assuré. Le retrait de l’opposition nous facilitera la tâche, a-t-il renchéri.
La semaine dernière M. Camara avait justifié la décision de la Céni d’organiser la présidentielle avant les locales par des raisons légales et techniques.
On a moins de risques pour le pays en ayant des maires dont le mandat a expiré qu’en ayant le mandat d’un président de la République expiré, avait-il argué.
S’agissant de la Céni, l’opposition laisse ses membres au sein de cette instance décider s’ils doivent boycotter les travaux ou démissionner, a précisé mercredi à l’AFP Aboubacar Sylla.
Nous n’avons pas demandé aux commissaires (membres de la Céni) issus de nos rangs de démissionner, nous leur avons fait part de notre souci avec leur institution. Maintenant, c’est à eux de voir et d’apprécier, a précisé M. Sylla.L’opposition soupçonnait Alpha Condé, élu en 2010, de vouloir se servir de l’épidémie d’Ebola, qui continue de faire rage en Guinée pour se maintenir au pouvoir au-delà du terme de son mandat. M. Condé a réaffirmé mardi sa volonté d’éradiquer le virus d’ici la mi-avril.
La Banque mondiale a approuvé lundi un financement de 10 millions de dollars pour le secteur de la pêche en Guinée afin de contribuer à la sortie de crise et au redressement post-Ebola, selon un communiqué de l’institution financière.AFP