Finda est cette petite fille qui s’est coucjhée tragiquement cette année à 20 km de la ville de Guéckédou, en Guinée forestière suite à l’excision. Des milliers de jeunes filles guinéennes, comme la petite Finda, courent le risque des mutilations génitales féminines dont l’excision et ses conséquences.
Ce jeudi 15 septembre, l’ambassade des États-Unis d’Amérique à Conakry a servi de cadre à une causerie éducative organisée par l’ONG Femmes Développement et Droits Humains en Guinée (F2DHG) en collaboration avec ses partenaires portant sur la campagne nationale pour l’abandon de la pratique des mutilations génitales féminines/excision avec le thème » vacances sans excisions ». C’était en présence d’une trentaine de journalistes.
En Guinée, l’excision est une pratique traditionnelle. Moussa Yéro Bah, présidente de F2DHG d’en dire plus : « La Guinée occupe le 2ème rang mondial des pays pratiquant les mutilations génitales féminines/excision derrière la Somalie et entre 96-97% des femmes subissent cette pratique selon les tranches d’âges. Les vacances sont les temps privilégiés pour cette pratique » Pour elle, l’objectif de cette rencontre est de pousser les hommes de médias à être un relais dans la lutte contre les mutilations génitales féminines/excision à travers des reportages, des émissions interactives portant sur l’excision pour aider à changer une situation défavorable. Ajoutant que les autorités devraient se saisir du cas de la petite Finda, décédée des suites d’excision pour prendre des décisions contre ceux qui s’adonnent à cette pratique.
Saisissant la balle au bond, la ministre des affaires sociales et de la promotion féminine et Enfance a dit toute sa joie de participer à cette journée de causerie sur l’excision. « C’est le jour solennel, dit-elle, que j’attendais pour que mon combat dans la lutte contre les mutilations génitales féminines/excision ait une issue. Je sais compter sur vous hommes de médias, par votre dynamisme, par votre activité, par votre implication de participer à lutter contre cette pratique. Le 6 février dernier, journée nationale de lutte contre les mutilations génitales féminines, nous sommes partis jusqu’au village où la petite Finda est décédée des suites d’excision pour sensibiliser la population. Nous étions en compagnie de 3 membres de l’ambassade américaine qui travaillent activement avec nous.1.500.000 USD a été déboursée pour aider à encourager l’abandon de cette pratique. Un fonds géré par l’UNICEF et octroyé aux ONG retenues dans cette lutte ».
Amadou Lamarana Diallo de l’ONG F2DHG revient quant à lui sur la persistance de cette pratique en ces termes : « En Guinée, les excisions sont beaucoup plus ancrées en Haute et moyenne guinée. Ce cas s’explique par la forte implantation de l’islam dans ces deux régions d’une part, la passivité des autorités et l’hypocrisie des populations d’autre part ». A l’en croire, « l’islam n’autorise pas l’excision et ne l’interdit pas non plus d’après mes consultations auprès d’un homme religieux ».
Un jeu de rôle entre défenseurs et opposants à l’excision a marqué cette causerie éducative. La tradition, les stigmatisations, l’honneur de la famille, l’éducation, les contraintes sociales ont dominé les arguments des défenseurs de l’excision. La santé, la reproduction, les expériences vécues, exemples de pays musulmans ne pratiquant pas l’excision comme l’Arabie saoudite, la Mauritanie, la science, la médecine moderne ont été les arguments des détracteurs de l’excision.
Un exercice sur les rôles et responsabilités des médias dans la lutte contre les mutilations génitales féminines a été confié à des groupes de journalistes. A l’issue de cet exercice, les hommes de médias ont recommandé ceci : informer, vulgariser les informations, sensibiliser les populations, impliquer les leaders religieux à la lutte, veiller à l’application des lois sur la lutte ou l’abandon des mutilations génitales féminines, l’introduction des programmes d’éducation sexuelle à l’enseignement primaire, informer les jeunes filles des méfaits de l’excision entre autres.
Des témoignages poignants sur les méfaits des mutilations génitales féminines ont été faits par quelques participants. AD de témoigner : « ma nièce souffre de cette pratique et pleure tout le temps en disant que c’est sa maman qui lui a causé tout ça en l’excisant. On la prenait de la clinique pour faire le baccalauréat. C’est dans ces conditions qu’elle a eu le bac. En plus de ses souffrances, j’ai une saignée financière en m’occupant d’elle ».
La représentante de l’ambassade des États-Unis a de son côté remercié les hommes de medias qui ont fortement répondu à l’appel, les a appelé à participer à la vulgarisation de l’information sur la lutte contre ou l’abandon des mutilations génitales féminines. « La tradition est importante mais il faut changer les mentalités », conseille-t-elle.
Moussa Yéro Bah, présidente de F2DHG a réitéré le rôle ô combien important que doit jouer les médias dans la lutte ou la promotion de l’abandon des mutilations génitales féminines et garantir qu’il y aurait des échos suite aux recommandations faites par les hommes de médias.
Une remise de satisfécits aux différents participants a marqué la fin de la rencontre.
Mohamed DIALLO