Dakar, Abidjan, Lomé, Accra, etc. le Premier ministre français Manuel Valls effectue une tournée ouest-africaine en snobant tout bonnement Conakry où le Président Alpha Condé – citoyen français et supposé être démocratiquement élu – dit pourtant vouloir vendre la Guinée.
Celui pris comme étant une des grands successeurs désignés de François Hollande en 2017 ou 2022 vient en Afrique « pour passer en revue tous les domaines de coopération » et mieux, parce que « J’ai la conviction qu’une part de l’avenir de l’Europe et donc de la France se joue en Afrique et que ce siècle sera celui des Africains. (…) les opportunités sont, elles aussi, immenses », déclare-t-il dans une longue interview accordée à JA, dans son dernier numéro.
Si l’Afrique « est la nouvelle frontière sur laquelle l’Europe doit bâtir en partie son avenir, pour des raisons économiques », comment la Guinée d’Alpha Condé, déjà dans le plateau d’or et proposée à des investisseurs hypothétiques pourrait-elle être autant oubliée de cette tournée ouest-africaine de Manuel Valls ? Alpha Condé vend-il vraiment la Guinée et à qui ? Ces questions et d’autres prouvent à suffisance que la Guinée, contrairement à ce qu’on laisse croire, est loin d’être des cœurs des grands projets de partenariat économique. C’est ce qui est contraire au motif invoqué des voyages intempestifs du président guinéen.
En venant jusqu’aux portes de Conakry sans y rentrer ne serait-ce que par solidarité de citoyenneté, ou par appartenance à un même courant politique – Manuel Valls est social libéral – le Premier ministre français prouve à suffisance que la venue à Conakry de Hollande n’est que le signe d’une amitié révolue. Comme quoi, Alpha Condé doit revoir ou plutôt changer sa copie, sa façon de vendre la Guinée et de mener son fameux changement…haletant.
Ceci est d’autant impératif qu’il risquerait de rater le coche lors du sommet France-Chine-Afrique que Paris veut organiser dans la capitale sénégalaise. On comprend à nos dépens que grandir en France, y donner des cours dans les Universités françaises, avoir un chapelet d’amis français n’est pas synonyme « d’être fréquentable», encore plus quand on veut jouer à la modification de la Constitution. C’est donc une autre façon de Paris d’alerter Conakry, bien que ‘’Guinea is back’’.