Invité de la radio Lynx FM, l’ancien ministre d’Etat secrétaire général de la présidence sous la transition, Tibou Kamara, connu pour son franc-parler et ses prises de position très tranchées, a fait des grosses annonces-surprises. Depuis, la cité en parle et l’arène politique est en ébullition.
De retour au pays, l’homme a usé de son carnet d’adresses pour faire bouger les lignes en Guinée. Conséquence, le climat politique qui était marqué jusque-là par des déclarations va-t-en-guerre, a cédé à l’accalmie. Les faucons de tous les bords se sont mués en apôtre de la paix.
De la libération du député Ousmane Gaoual Diallo au tête-à-tête historique entre Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo, Tibou a joué un rôle clé. Il n’en fait pas un trophée de guerre, certes, mais c’est à son mérite. En tout cas, il aura fallu sa venue pour réussir là où beaucoup de bonne volonté avaient, antérieurement, échoué.
A ces détracteurs, qui l’accusent, à tord, de lorgner la primature, l’homme, qui a le courage de ses opinions, affiche clairement ses intentions. « Regardez l’horizon électoral, vous me verrez très bientôt ». Face à l’insistance des animateurs de l’émission « œil de Lynx », Tibou Kamara rassure qu’il n’est pas celui-là, dont la vie est liée à un décret.
« Je n’ai pas une obsession du poste »
« Cela est beaucoup plus gratifiant que d’occuper un poste pour le poste et de nourrir une ambition du pouvoir pour le pouvoir. Je vous assure que je ne suis pas un obsessionné du poste? Je ne suis pas cet homme dont la vie est liée à la volonté d’un homme ou à l’autorité d’un décret. Nous sommes des citoyens responsables et patriotes, qui, là où nous nous trouvons, quel que soit le rôle qui pourrait être le nôtre, nous jouerons toujours notre partition. Aujourd’hui, il est évident, qu’en tant que citoyen, acteur très lointain et observateur de très près, il peut arriver que je donne un avis, que je commente une action de nos dirigeants comme l’ont fait certains, lorsque j’étais aux affaires, mais cela n’a rien à avoir avec les personnes, les sentiments ou les ressentiments que je pourrais avoir vis-à-vis des uns et des autres, je m’acquitte d’un devoir citoyen, celui de porter un regard sur la gestion des affaires publiques quand c’est nécessaire . La constitution nous le reconnaît. Donc, ce n’est pas dirigé contre un gouvernement, encore moins par calcul ou par ambition. J’ai eu assez de chances d’avoir occupé de très hautes fonctions avant beaucoup et d’avoir pu faire du mieux que je pouvais, de mériter la confiance placée en moi. Personnellement, je pense que lorsqu’on a été aux affaires, on est forcément engagé par un devoir beaucoup plus important que les autres. Et je garde, malgré l’amitié que je pourrais avoir avec les uns et les autres, mes engagements d’avant et d’aujourd’hui, ma liberté de parole, de conscience et de ton, sinon je ne serais pas un homme libre ».
« Je serais candidat aux élections, je ne vous dirais pas lesquelles ».
Et si les Guinéens vous réclamaient à la primature, vu votre facilité à dénouer les crises politiques, ont insisté les confrères. « Les Guinéens, même s’ils le voulaient, ne pourraient pas se prononcer sur le choix du premier ministre. Parce qu’il ne s’agit pas d’une élection mais au contraire, c’est le choix discrétionnaire, un personnel et intime d’un homme. Si c’était un référendum pour savoir qui devrait être premier ministre ou pas, votre question aurait eu de sens. Si c’était une élection pour être premier ministre, peut-être que ma candidature aurait eu un sens. Mais il n’y a qu’un seul homme qui a été élu à la tête de notre pays, qui a ce pouvoir personnel et discrétionnaire de choisir son premier ministre. C’est à lui, à lui seul, qu’il appartient de faire ce choix. Donc, laissons l’autorité les prérogatives de choisir le premier ministre ».
« Regardez l’horizon électoral, vous me verrez très bientôt »
Interrogé sur son avenir politique, l’enfant de Dinguiraye a sa confidence toute prête. « Ce que je peux faire comme confidence, il y a un horizon électoral qui s’ouvre pour la Guinée. Vous avez les élections communales, les élections législatives et les élections présidentielles. Ce que je pourrais dire ce matin, regardez l’horizon électoral, vous me verrez très prochainement. Je serais candidat aux élections, je ne vous dirais pas lesquelles…
Et je vais vous dire que si c’est être candidat pour recueillir des résultats comme 0,0000%, je pense que loin de se légitimer, on se disqualifie davantage aux yeux d’une opinion. La carrière politique, il faut aller étape par étape. Vous voyez beaucoup de nos compatriotes, qui du jour au lendemain, s’improvisent homme politique, prennent la tête des partis politiques et déclarent gravement leur candidature à une élection aussi importante et majeure que l’élection présidentielle. Je pense que ce n’est pas de bon aloi de brûler les étapes quand on s’engage en politique ».
« Mieux vaut être second dans un grand parti que premier d’un petit parti ».
Tibou Kamara va-t-il s’engager bientôt en politique, redemande un confrère. « On va garder les suspens. Il y a deux manières de s’engager en politique dans notre pays. Soit sous la bannière d’un parti politique qui existe. Soit, comme dans certaines élections, en candidat indépendant. Mais je vous dis qu’il vaut mieux parfois être second dans un grand parti que premier dans un petit parti. La plupart du temps, beaucoup nos compatriotes estiment qu’ils ne peuvent exister politiquement et personnellement qu’en ayant leur identité propre, qu’en ayant leur propre parti. Je ne suis pas de cet avis. Je pense qu’aujourd’hui, il n’y a pas d’espace pour un autre parti politique, en tout cas, très peu d’espace pour un autre parti sur le paysage politique guinéen ».
« M. Sidya Touré n’est pas mon ennemi ».
Le courant passe-t-il bien entre vous et le haut représentant du Chef de l’Etat, Tibou Kamara est catégorique. « M. Sidya Touré est aujourd’hui un allié de la majorité et un des plus illustres collaborateurs du Chef de l’Etat. Je dirais que le président de la république l’a dit lui-même publiquement. Je le dis moi aussi, solennellement, le président et moi, nous sommes des amis. L’amitié impose parfois plus de devoir que de droit. Je ne commenterais pas les amitiés ou les alliances du président de la république. Je peux dire que Sidya Touré n’est pas mon ennemi. Nous ne sommes pas des amis. Nous avons échoué à être des amis. Ne me demandez pas à qui la faute. Nos chemins ne se sont pas rencontrés très souvent. Je ne l’ai pas vu depuis mon arrivé mais il n’est pas exclu qu’on ne se rencontre pas… Aujourd’hui, la Guinée vit une nouvelle ère marquée par l’apaisement et l’unité entre les acteurs. Il est évident qu’on ne peut pas prêcher la paix et ne pas aller à la paix avec chacun et tous. A la faveur du nouvel esprit qui souffle en Guinée, comme on dit en Côte d’ivoire, il faut mettre la balle pour tout le monde. Donc, je suis un homme de paix et de dialogue. Il n’y a pas de divergences insurmontables et des conflits qu’on ne peut pas oublier ».