Transition guinéenne : le CNRD va lentement mais sûrement !
Il faut être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître que le colonel Mamadi Doumbouya et ses camarades du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), depuis leur prise du pouvoir, continuent de poser des actes de nature à rassurer aussi bien les Guinéens que les partenaires techniques et financiers. Quand la CEDEAO a annoncé cette semaine la nomination du diplomate ghanéen Mohamed Ibn Chambas comme son envoyé spécial en Guinée, la réaction des acteurs politiques a été majoritairement négative. Le président du CNRD, président de la Transition, chef de l’Etat, chef suprême des Armées, le colonel patriote Mamadi Doumbouya, a lui aussi écrit à l’organisation sous-régionale pour lui faire comprendre que cette décision n’est ni opportune ni urgente. Le nouvel homme fort de la Guinée, on le sait, a prêté serment le 1er octobre 2021 comme président de la transition devant la Cour Suprême présidée par Mamadou Sylla (SYMA). Une occasion qu’il a mise à profit pour réitérer sa volonté et son engagement à organiser des élections libres et transparentes auxquelles il ne sera pas candidat. Il faut rappeler que sous la direction du Comité National du Rassemblement pour le Développement, le pays s’est doté d’une Charte de la Transition, qui prévoit, notamment, un Gouvernement de Transition et un Conseil National de Transition, qui auront la charge de dérouler les différentes missions de la Transition, que sont : la rédaction d’une Nouvelle Constitution ; la refondation de l’Etat ; la lutte contre la corruption ; la réforme du système électoral et la refonte du fichier ; l’organisation des élections libres, crédibles et transparentes ; et la réconciliation nationale.
De l’avis de tous les observateurs et analystes sérieux, l’exécution correcte de toutes ces tâches ne saurait se faire dans la précipitation, au risque de répéter les erreurs du pays. Or par rapport à la durée de la transition, certains leaders politiques et activistes de la société civile (guinéens et africains), pour des raisons qui leur sont propres, affichent de plus en plus, par voie de presse, leur préférence pour une transition de courte durée (entre 6 et 15 mois). La CEDEAO, l’organisation sous régionale, avait elle aussi exigé la tenue des élections dans 6 mois pour remettre le pouvoir aux civils. Mais la situation guinéenne étant ce qu’elle est, il serait illusoire de penser qu’on peut organiser en si peu de temps des élections crédibles et dont les résultats seront acceptés par tous les acteurs engagés dans le processus électoral.
La Guinée vient de loin et le CNRD ne devrait en aucun cas prendre le risque de précipiter les choses pour se conformer à l’agenda de quelques leaders politiques obnubilés par le fauteuil présidentiel. Il faut donc aller lentement mais sûrement. Après la nomination de la totalité des membres du Gouvernement, l’heure est désormais à la constitution du CNT (Conseil national de la transition). Le Ministère de l’administration du territoire et de la Décentralisation a entamé hier mercredi 10 novembre des échanges avec les forces vives de la nation en vue de la mise en place dudit CNT. Un autre acte qui prouve à suffisance que le CNRD, à sa tête le colonel patriote Mamadi Doumbouya, tient absolument à une transition apaisée et inclusive pour rassembler les Guinéens dans la sincérité et amorcer enfin le développement harmonieux de leur beau pays, après 63 d’indépendance.
IBRAHIMA SORY CISSE