Faux diplômes où en est-on ?
Un ami qui a une certaine expérience de l’administration guinéenne, belle plume, écrivain, journaliste de renommée depuis au moins plus d’une trentaine d’années, me disait dans son plus grand sérieux à propos de la traque et surtout des sanctions contre les faux diplômes que : « mon petit, malheureusement à la fin, il n’en sortira rien ». Évidemment, j’ai rétorqué que les décideurs en place ne sont pas les mêmes que ceux que l’on a connus jusque là, ont une mission d’épuration de l’administration et ne craignent pas de perdre des voix à des élections puisqu’ils ne sont candidats à rien. Dans la sagesse habituelle qui le caractérise, mon ami, qui est aussi un aîné, a tout simplement dit : « allons seulement… »
Il est vrai que depuis « on va seulement ». « On va tellement seulement » que depuis là, il n’y a rien, aucune sanction, même si les détenteurs de faux diplômes nommés à des postes de responsabilité (secrétaires généraux et directeurs de régies financières, etc.) sont connus, le Vérificateur général ayant lui aussi fait un tour par là ! Dans tous les cas, à l’instar de plusieurs autres personnes « optimistes-têtues », je mets ce retard de décision au compte de l’éternel lourdeur administrative dans les décisions, c’est-à-dire faire minutieusement la part des choses dans les vérifications afin d’éviter de sanctionner par erreur d’authentiques diplômés, tellement les faux sont innombrables et inestimables quelquefois.
En attendant, nul ne sait qui, du ministère de la Fonction publique et celui de la Justice, est réellement chargé de suivre et de diligenter cette affaire. Qui, pour pour, reste grave dans la mesure où si l’on veut faire avec, il serait préférable d’aller chercher des maîtres d’écoles coraniques, pour venir parler de politique et relation internationales ! Pourquoi on ne va pas chercher des maçons pour faire des opérations chirurgicales à Donka ? Pourquoi pas des chauffeurs de taxi, pour expliquer la stratégie militaire au colonel Mamadi Doumbouya et à ses hommes ? Ça fait quoi si chacun est mis à sa place, selon ses compétences réelles et références ? Ça fait quoi d’empêcher à de faux chirurgiens d’aller charcuter nos pauvres malades dans les hôpitaux publics ? Ça fait quoi d’empêcher à des pyromanes d’aller brûler notre environnement si cher à tous ???? Cela nous ferait quoi d’empêcher à un boutiquier du quartier d’aller faire de la comptabilité analytique dans la chaîne des dépenses du ministère de l’Économie et des finances ?
Je n’attends pas des acclamations, plutôt des lapidations discrètes, sinon on saura que celui-là qui insulte est lui-même suspect dans ses diplômes. Je n’espère pas des salves d’applaudissements, loin de là. Mais chacun sait que ce que je dis là ne ressemble pas du tout aux vociférations d’un aigri, et pourquoi d’ailleurs, ni à un mensonge. Même pas un peu. Si ça dérange quelqu’un, tant mieux mais son groin là !
Par Abdoulaye SANKARA